Les Alpes françaises représentent un territoire exceptionnel pour les amoureux de la montagne. A chaque région son massif, et sa montagne emblématique. Sans aucun doute, le Mont Aiguille est la montagne emblématique du Vercors ! Avec sa forme caractéristique, il se voit et se reconnaît de loin. Ce sommet nous intriguait et nous fascinait depuis des années, et lors de notre dernière escapade dans les Alpes, c’était décidé : nous allions enfin prendre le temps de découvrir ce secteur !
Au coeur du Vercors, randonnée au Pas de l’Aiguille
Le Vercors est un massif situé dans les Préalpes en moyenne montagne, à cheval entre les départements de la Drôme et de l’Isère. Fait de falaises vertigineuses et de hauts plateaux, le massif du Vercors a un relief bien à lui et n’a rien à envier à ses voisins, les autres massifs situés plus en altitude comme les Écrins, ou encore Belledone.
En cette fin du mois de décembre, nous avions de belles journées sans nuages, et un enneigement de moins en moins important. Les conditions mauvaises pour le ski seront bonnes pour le bivouac ! Nous profitons donc de cette météo pour tester pour la toute première fois le bivouac sauvage dans la neige ! (enfin, pas tout à fait la première fois, puisque Betty avait déjà campé sur un glacier dans les Écrins 😉 )
Après avoir repéré où il fallait aller pour avoir la plus belle vue sur le Mont Aiguille, il fut temps de s’occuper du matériel… et oui, on ne part pas équipé de la même façon que lorsqu’on campe en plein été ! Il faut penser à prendre de quoi se réchauffer et passer la nuit confortablement, et les sacs sont bien plus volumineux.
Chargés, nous prenons le départ de la randonnée qui mène au Pas de l’Aiguille, à Richardière. La neige est inexistante et les pistes de ski de fond fermées, pour notre plus grand bonheur, car cela nous évite la longue marche d’approche avant d’attaquer la montée. Nous évoluons dans une belle forêt, avant de nous cramponner sur les sentiers glacés au milieu des rochers.
Chargés de notre tente et de nos affaires pour la nuit, nous avançons dans l’incertitude… Y aura-t-il de la neige là haut ?
Le Pas de l’Aiguille n’est pas seulement un endroit idéal pour admirer le Mont Aiguille, il s’agit également d’un lieu chargé d’histoire, comme en témoigne le monument aux morts qui a été construit au col. L’histoire n’est pas très joyeuse : plusieurs hommes ont péri dans les grottes du Pas de l’Aiguille, en pleine période de la seconde guerre mondiale. C’est avec beaucoup d’émotions qu’on lit les mémoires de ces moments tragiques. On n’imagine jamais qu’il puisse se passer de tels événements dans ces montagnes.
Nous dépassons la cabane de berger, installée dans les premiers alpages du plateau du Vercors. La neige recouvre encore bien le paysage, et le soleil commence à baisser… Il est grand temps de se trouver l’emplacement idéal pour installer notre campement !
La randonnée du Pas de l’Aiguille | Informations pratiques
400mètres
Il y a différents itinéraires qui permettent de se rendre au Pas de l’Aiguille, le plus rapide étant du côté de Clelles, au départ du lieu dit “Les Fourchaux” (1h de route depuis Grenoble, 1h20 de route depuis Gap). En hiver, l’accès est fermé à partir de Richardière, la piste étant consacrée au ski de fond (comptez 30 minutes de marche pour rejoindre Les Fourchaux). Suivre le balisage qui traverse la piste forestière. Le sentier continue ensuite jusqu’au Pas de L’Aiguille, qui marque l’entrée dans le parc naturel régional du Vercors. A partir de là, le bivouac est autorisé du soir au matin, avec les mêmes règles que dans les parcs nationaux : installation du camp avant le coucher du soleil, et départ au petit matin, pas de feux, et les chiens sont non autorisés. Cette randonnée est accessible été comme hiver, veillez toutefois à être bien équipé en condition neigeuse : la dernière partie du sentier peut être glissante.
>> Voir le tracé GPX de la randonnée au Pas de l’Aiguille
Carte IGN : 3237 OT Glandasse
Un bivouac face au Mont Aiguille, la plus belle montagne du Vercors
Après avoir passé la cabane du berger, et la jolie cabane de Chaumailloux faite en bois, nous prenons un peu de hauteur et trouvons une place de choix pour installer notre tente ! Après être partis de la vallée, nous arrivons là où la neige résiste encore, là où les températures sont un peu plus basses. Sur le chemin, nous croisons les traces d’un loup solitaire…
Nous découvrons la vue sur le Mont Aiguille, majestueux et solitaire. Un panorama qui nous change de ce que nous connaissions dans les Hautes-Alpes. C’est définitivement l’une des plus belles montagnes de la région, et désormais l’une de nos favorites…
Le panorama sur le Mont Aiguille, sommet remarquable du Vercors
Après l’installation du camp, un thé bien chaud !
Couleurs magiques
Le nid douillet est prêt !
La nuit commence à gagner du terrain, et les premières étoiles apparaissent. A l’abri de la tente, nous attendons patiemment que le réchaud fasse son travail et chauffe l’eau pour réhydrater nos repas lyophilisés. Et mince, Betty a oublié de vérifier l’état de la cartouche de gaz et elle est presque vide. La faible lueur de la flamme nous apporte de l’eau tiède, le repas sera bien médiocre. Pas grave, nous sommes ici et heureux, et puis, on a du chocolat et des gâteaux !
Avant de se mettre définitivement au chaud dans nos duvets, on s’active une dernière fois et sortons observer la voute céleste. Un magnifique spectacle que nous offre le ciel, dans un silence d’or où seuls les bruits de nos pas dans la neige se font entendre.
Un dîner sous la tente
Dormir sous une pluie d’étoiles…
Aussi beau que le coucher de soleil, après une nuit froide, le réveil au camp se fait tout en douceur
Faire du bivouac en hiver : conseils et équipement
Camper dans la nature et en montagne en plein hiver n’est pas anodin. Un bon équipement est la base pour une aventure réussie ! Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte, comme l’altitude du bivouac et la météo annoncée. Ces repérages permettront de bien cerner le matériel qu’il faudra emporter avec soi.
Bien s’équiper pour le camping sauvage en hiver
Voici la liste du matériel que nous conseillons d’emporter pour bivouaquer dans la neige :
• Tente 4 saisons : indispensable pour pouvoir s’installer sur de la neige. Les tissus doivent être solides et isolants (particulièrement celui du sol). Nous avions une vieille tente de la marque The North Face, le modèle n’existe plus (West Wind), mais il fait encore parfaitement l’affaire !
• Sac de couchage chaud : la base. C’est l’élément qui décidera si vous passerez une bonne nuit au chaud, ou si vous aurez froid. Pour camper en montagne en hiver, nous conseillons d’être équipé d’un sac de couchage Confort -2° Limite -20° Extrême -30°. Selon les températures, il faudra ajuster avec un sac à viande (qui ajoute quelques degrés de confort), et des bons collants / hauts.
• Matelas gonflable : surtout, ne pas hésiter à le prendre un peu épais (6 cm minimum), afin d’être encore plus isolé du sol. Nous avons vu la différence entre nos deux tapis de sol, l’un avait environ 1cm d’épaisseur de moins que l’autre, et ça s’est ressenti !
• Couverture de survie : elle ajoutera une isolation supplémentaire. À caler à l’extérieur, entre le sol et la tente.
• Réchaud : indispensable pour se faire un repas chaud le soir. Le corps a besoin de plus d’énergie lorsqu’il est dans des températures basses, car même en dormant, on brûle plus de calories que la normale.
• Nourriture lyophilisée : ça, c’est surtout si on souhaite alléger le sac ! Cela permet d’avoir un repas complet qui pèse trois fois rien. Ne pas hésiter à emporter un peu de “confort food” pour grignoter le soir.
• Chaufferettes : si vous êtes très frileux, ou si les températures annoncées sont très basses, c’est toujours bien d’en avoir en cas d’urgence.
• Sac à dos 50L/70L : c’est le côté un peu “négatif” du bivouac en hiver, car on n’a pas d’autre choix que de prendre un sac à dos gros litrage ! Les sacs de couchages chauds sont généralement volumineux, ainsi que tout le reste… (grosse doudoune, tente, etc…). Les sacs à dos de la marque Osprey (Atmos 50 et Xena 70) n’ont pas fini de nous ravir, nous avons pu partir chargés sans avoir le dos qui tire ! C’est beau le progrès !
• Thermos : pratique pour se faire un stock de boisson chaude pour la soirée / nuit / journée. Hydroflask et Thermos proposent d’excellents produits.
• Sous vêtements chauds : les premières couches sont également très importantes. Exit le coton, on se dirige vers la laine mérinos ou du synthétique en polaire si on est sensible à la laine. C’est ce qui va aussi servir de “pyjama” pour la nuit.
• Veste Polaire : on continue la technique de l’oignon, et on ajoute des couches ! Une bonne polaire d’hiver bien chaude est indispensable, et fera office de dépannage durant les nuits très froides.
• Doudoune chaude : à partir du moment où on a installé le campement, on est généralement à l’arrêt et en position statique. Une bonne doudoune est l’assurance chaleur pour la soirée : du repas à l’observation des étoiles avant de se coucher. On peut emporter une veste Gore Tex pour le côté imperméable et coupe vent.
• Chaussure de randonnée hiver : l’idéal est de marcher avec des chaussures qui sont bien isolées. Nous avions nos chaussures qui vont bien pour les raquettes à neige, couplé à des chaussettes chaudes.
• Lampe frontale : pour passer une soirée éclairée, la nuit tombe tôt en hiver ! Nous sommes équipés des modèles MH6 de Ledlenser, au top avec leur batterie rechargeable par usb.
• Pelle / DVA / Sonde : même si on ne skie pas, il est intéressant d’avoir l’équipement de recherche de victimes en avalanches, selon les terrains sur lesquels on s’aventure.
4 conseils pour un bivouac hivernal réussi
• Ne pas lésiner sur la qualité de l’équipement : selon l’endroit où on choisira de bivouaquer, on peut se retrouver dans des zones un peu reculées et sans réseau téléphonique. Il est donc très important d’être bien équipé quand on choisit de passer la nuit dehors dans des températures froides.
• Vérifier l’état de son équipement avant de partir : c’est logique, mais on n’y pense pas forcément ! Arriver sur place et découvrir un arceau de tente cassé, un duvet troué ou encore une cartouche de gaz presque vide c’est vraiment pas le top.
• Choisir sa zone de bivouac avec précaution : attention à ne pas s’aventurer et s’installer sur un terrain avalancheux. Camper non loin d’un refuge ou d’une cabane sera un lieu sûr car, généralement, les refuges ne sont pas construits dans des zones à risque.
• Bien se nourrir : le corps a besoin de plus d’énergie en hiver, et dormir dans le froid n’arrange rien. Il est donc indispensable de manger un vrai repas, ainsi que quelques barres sucrées et énergétiques.
Exploration sur le plateau du Vercors
Les hauts plateaux du Vercors représentent un endroit unique, et un véritable terrain de jeux en toutes saisons : raquettes à neige, ski de randonnée, chiens de traîneaux… il y a tant d’activités hivernales à pratiquer ! Parmi les itinéraires les plus emblématiques, la grande traversée du Vercors se fait en randonnée en été, ou en ski pulka en hiver. De quoi donner bien des idées pour une prochaine fois !
Après avoir plié le camp, nous profiterons de cette belle journée ensoleillée pour explorer ces grands espaces, dans un décor nordique fait de forêts et de petits vallons. Une belle bouffée d’air frais en pleine nature, à la recherche des animaux comme le bouquetin, le chamois, ou pourquoi pas, le loup !
Nous avons réalisé une petite boucle sur le plateau, vous pouvez retrouver l’itinéraire sur Wikiloc.
Nous quittons les alpages, et retrouvons les vallées dénuées de neige
Dormir face au Mont Aiguille | Bien au chaud dans la cabane des Chaumailloux
Et si on vous dit qu’il y a une alternative un peu plus “cosy” pour dormir face à ce beau panorama ? Construite légèrement en contrebas de notre zone de bivouac, la cabane Les Chaumailloux est un refuge non gardé, gratuit et ouvert toute l’année. Fraîchement rénovée, cette cabane en bois dispose de 19 places. Le refuge est organisé en une grande pièce, qui fait office de dortoir, avec un poêle à bois et des tables pour manger. Il faudra bien sûr être autonome en nourriture / réchaud / couchage car il fait juste office d’abri. Pensez également à emporter un matelas gonflable.
L’accès est libre, sans réservation donc. 19 places ça peut se remplir vite, surtout en période de week-end et de vacances scolaires. Nous vous conseillons d’arriver tôt !
Vous pourrez trouver plus d’informations sur refuges.info
CARTE
Vous souhaitez découvrir cet endroit un jour ? Mettez cette idée au chaud en épinglant cet article sur Pinterest :
Nous sommes Betty et Guillaume, un couple de voyageurs passionnés de voyage et de nature. Dès que possible, nous partons à la découverte du monde, en privilégiant les grands espaces sauvages et en quête perpétuelle de beaux paysages. Avides d’aventures, nous adorons être immergés au cœur d’une nature préservée et loin de tout ! Nous écrivons sur ce blog des carnets de voyage, afin de partager nos aventures et vous donner les informations pratiques concernant un lieu, une destination, ou même une randonnée.
Pour suivre nos voyages en direct, ça se passe sur notre compte Instagram ♡
Bon… la prochaine vous nous emmenez ? ahah
C’est magnifique bravo pour ce superbe article les copains ! 🙂
Ah ah carrément, venez 😉
Merci beaucoup 💛
Tu sais que Chris est ultra jaloux !!! Il me tanne pour faire cette rando depuis des lustres et dès qu’on veut y aller, on a un imprévu ou la météo est pas bonne… On a encore plus envie maintenant !!! 😉 Les photos de votre bivouac sont superbes… comme toujours par ici !
Merci les amis <3
Ha ha vous n'êtes pas si loin en plus, maintenant qu'on vous a encore plus mis l'eau à la bouche plus d'excuse 😉
Avec un peu plus de temps, je recommande de continuer l’aventure pour la traversée complète des hauts plateaux ! Ambiance nordique assurée 🙂
Oui ça doit être superbe !
On tentera ça la prochaine fois ;p
Merci pour le récit de cette escapade qui donne envie
Merci pour ce petit mot 🙂
Quel endroit magnifique ! Les photos sont superbes, elles donnent envie d’y aller, en bivouac ou dans le refuge. J’avais déjà envie de retourner dans le Vercors, là c’est sûr, j’y retournerai bientôt !
Merci beaucoup Stef 🙂
La région est superbe en toutes saisons en plus 🙂 Nous ne pouvons que t’encourager à revenir dans ces belles montagnes !
J’avais très envie de vivre la même expérience en été, mais je dois dire que vos photos sont tellement belles que je suis tentée de suivre vos pas en hiver… Merci de nous faire découvrir ce petit paradis, en France ! 🙂
Ce sera beau à n’importe quelle saison 🙂
Nous serons curieux de savoir ce que tu auras choisi 😉
Génial cet article et merci pour les conseils de bivouac en hiver, ça m’aidera largement pour ma mission bivouac sur les Hauts-Plateaux du Vercors fin mars ! 😉
Salut Aymeric,
Tant mieux, tant mieux 🙂
Ce sera juste une nuit, ou un peu plus longtemps?
Bonjour, nous souhaitons faire la même randonné que vous avec des amis, mais nous n’arrivons pas à trouver des infos fiables sur le type de température que l’on peut y trouver durant les vacances de noël. Peut être pouvez m’indiquer quelles températures aviez vous lors de votre trek? Merci pour ce site incroyable, LB
Hello, lorsque nous y étions, nous avons eu entre -5 et +5 degrés environ…
Mais selon les années, ça peut être plus ou moins chaud 😉
Oh oui, je veux faire cette rando !! mais sans le bivouac … LOL. Merci pour ces indications. Pas de passages vertigineux ? je suis très sensible au vertige …
Il y a toujours l’option refuge 😉
Non pas de passages vertigineux, il faut juste faire attention à la glace qui peut y avoir sur le sentier juste avant d’arriver au col.
J’ai loupé votre réponse… merci ! je pensais faire cette rando en été… Le kilométrage et le dénivelé de l’ensemble de la rando est de combien ?
Les chiffres de la rando sont indiqués dans l’article 😉 (6km, 3h et 400 m de dénivelé)
Bonne randonnée 🙂
Pingback: Bivouac sur les Hauts plateaux du Vercors au pas de l'Aiguille
Merci d’avoir partager ce magnifique récit ! Petite question concernant la topo. Qu’avez-vous utilisez? Topoguide GR Vercors ? Carte IGN? Merci d’avance 🙂
Merci Lucas pour ton commentaire.
On s’est contentés de la carte IGN, le sentier est bien balisé et il n’y a pas d’autres sentiers qui vont ailleurs sur cette rando.
Bonne balade 🙂
Merci pour toutes ces infos ! Vous avez effectué ce trek en janvier? Avez-vous prit des raquettes? Je souhaiterai y aller fin décembre 🙂 merci d’avance pour votre réponse.
Fin décembre* je n’avais pas fait attention
Pingback: 12 nuits de rêve à (vous) lui offrir pour la Saint-Valentin